Après une année 2017 exceptionnellement calme, les bourses mondiales ont retrouvé au premier trimestre 2018 des comportements plus proches de la réalité des aléas économiques et politiques mondiaux. Les corrections d’une dizaine de pourcents sont des événements classiques et relativement fréquents. Les deux dernières baisses de cette amplitude ont eu lieu en été 2015 et au début 2016. Tous les grands indices mondiaux terminent donc le trimestre dans le rouge : les Etats-Unis baissent de -6.48% pour le S&P500, l’Europe fait mieux avec -4.07% pour l’EuroStoxx50 et finalement l’indice principal des valeurs suisses chute de -6.83%, ce qui est une performance très décevante vu le profil conservateur des sociétés qui composent cet indice.
Le président Trump poursuit sa politique ultra accommodante pour les entreprises et l’économie américaine. Après la baisse des impôts sur les sociétés, décidée en décembre 2017, des dépenses publiques significatives ont été votées. Ces dépenses représentent 2% du PIB américain ; leurs effets devraient se concentrer sur 5 trimestres (du T2 2018 au T2 2019).
De telles mesures sont exceptionnelles par leur ampleur et par le moment où elles interviennent dans le cycle économique. Le PIB américain affiche déjà un rythme de croissance proche de 3% ! Les gouvernements utilisent ces outils de relance économique généralement lorsque l’économie est en phase de décroissance.
Néanmoins, la politique budgétaire n’est jamais aussi efficace que lorsqu’elle n’est pas requise, ce qui est le cas actuellement. En effet, Les agents économiques privés sont enclins à dépenser l’essentiel des fonds en excès lorsque leur situation est aussi favorable qu’aujourd’hui (faible taux d’épargne, patrimoine net élevé, facilité à trouver un emploi et augmentation des salaires).
En termes techniques, le multiplicateur fiscal est susceptible d’être très élevé à un stade aussi avancé du cycle économique. Nous sommes face à un paradoxe apparent : bien qu’un coup de pouce significatif sur le plan fiscal soit actuellement ce qui s’apparente le plus à une erreur politique, il s’agit aussi d’une décision relativement efficace. Les conséquences naturelles de ce choc fiscal sont une hausse de la croissance et de l’inflation.